SECOND   JOUR  :  ZION N.P.

 

 

Nous quittons Las Vegas après un somptueux petit déjeuner au Luxor pour la somme astronomique de sept euros cinquante pour deux (nous aurons l'occasion de réviser nos prix à la hausse dans les journées qui suivent).

 

L'Interstate 15 en direction de Sait Lake City, la capitale mormonne de l'Utah, longe le désert du Nevada incroyablement plat. Au loin des montagnes qui me semblent être les Gruves Mountains.

 

C'est un désert de steppes. Le vent est toujours très chaud et le temps superbe.

 

Juste à la sortie du Nevada se trouve Mesquite, une véritable petite oasis dans le désert où le gazon pousse vert et dru grâce à des arrosages continus.

 

Peu après nous traversons le Virgin River Canyon qui donne un aperçu de ce qui nous attend sans doute les coloris sont fantastiques rappelant notamment l'Esterel. Nous dépassons un rolier qui grimpe courageusement la côte. Dommage, mon appareil photo était éteint, !

 

Un petit détour par Saint George qui est un concentré, semble t il, de la culture mormonne mais nous n'avons pas le temps de visiter son temple (le seul de l'Etat paraît il à admettre des touristes) et acheter de quoi faire un piquenique, nous filons vers notre seconde destination : Zîon.

 

"Des falaises vertigineuses qui se dressent le long de la Virgin River, des pins ponderosa qui s'accrochent à chaque escarpement de la roche, et au fond des sureaux, des frênes et des peupliers qui s'épanouissent le long de la rivière, c'est ainsi qu'est décrit Zion et il s'agit bien de cela. Il y a 13 millions d'années une poussée géologique souleva la région, brisant le plateau de Markagunt constitué de solides couches de grès, de calcaire et de schiste. Au fil des siècles, les flots impétueux de la Virgin River (affluent du Colorado) ont creusé des parois abruptes (jusqu'à 900 m d'à pic), formées de monolithes, de mesas, de dents et de dômes rocheux. L'oxyde de fer a donné leur couleur rougeoyante dont les nuances varient d'heure en heure.

 

Zion fut longtemps le refuge des Mormons qui fuyaient les persécutions. La route est goudronnée en rouge afin de ne pas jurer avec le site alentour. Elle est étroite et sinueuse pendant une trentaine de km et curieusement après le passage de deux tunnels, on traverse des rochers érodés avec des stries étonnantes qui me font personnellement penser à d'immenses poteries façonnées par des mains de géants.

 

Après force photos et arrêts divers pour filmer tout ce qui semble intéressant à Jean Louis nous rentrons à notre motel, relativement agréable et confortable, situé juste à l'entrée du parc. Le restaurant faisant défaut nous descendons dans la vallée pour nous trouver une salad bar assez quelconque et remontons nous coucher, crevés, pas complètement remis du décalage horaire de neuf heures.

 

 

 

TROISIEME  JOUR  : 

 

BRYCE CANYON

 

 

Aujourd'hui le trajet sera court pour gagner le parc suivant. Le motel ne servant même pas de petit déjeuner, nous prenons celui ci dans un restaurant proche (que nous avions négligé la veille car il était un peu cher pour un repas).

Nous commandons un petit déjeuner somptueux : une omelette de trois oeufs farcie de jambon, saucisses, bacon, champignons, tomates, cheddar avec pour accompagnement des pommes de terre délicieuses coupées en tranches. Un vrai régal (pas donné tout de même).

 

Avant d'accéder à Bryce nous traversons comme entrée en matière un petit canyon Red Canyon aux couleurs rouge et vert vif (la roche et les genevriers). Déjà une splendeur d'autant que le ciel est bleu profond comme celui de la côte d'azur au dessus de l'Estérel. La chaleur est pour l'instant agréable, la journée s'annonce sous les meilleurs auspices.

 

Bryce est le plus surprenant et probablement le plus beau des parcs américains. Difficile d'imaginer lorsqu'on entre dans la Dixie Forest où se cachent chiens de prairie, marmottes, cerfs, ours et pumas (nous n'avons vu pour notre part que des Tamias , sortes de petits écureuils pas sauvages du tout qui viennent quémander de la nourriture qu'il est normalement interdit de donner), difficile donc d'imaginer la beauté qui nous attend. Elle surgit vraiment brutalement : à la lisière de la forêt, une cité de pierres se dresse au sein d'un vaste amphithéatre, des centaines de pitons s'élèvent vers le ciel. Roses, oranges, sanguins, rouges, leurs nuances varient tout au long du jour.

 

A Bryce, la nature a réalisé un chef d'oeuvre. Il me faut pas moins de deux pellicules et demie de trente six poses pour fixer sur le papier le souvenir palpitant de cette journée d'exception.

 

Malgré quelques petices réticences de Jean, nous prenons un sentier qui descend très bas dans les gorges. Les panoramas que nous y découvrons sont sublimes et le ciel parait encore plus bleu quand il se détache sur les roches rouges et le vert profond des genevriers. La remontée est plus difficile car très abrupte et JLJ peine beaucoup.

 

Après deux promontoires, il nous semble l'heure de piqueniquer d'autant que tout est prévu pour cela. A chaque emplacement est dressé un barbecue individuel. Bien que les Américains soient très soucieux des lieux qu'ils occupent la propreté est remarquable la forêt a subi un incendie semble t' il assez récent. Peut être faîsait elle partie du gigantesque incendie qui a ravagé l'an dernier pas mal d'hectares de forêts en Arizona et dans l'Utah ? Mais la discipline américaine est si exemplaire que malgré l'incendie la mentalité n'a pour autant pas changé. Une simple interdiction de fumer est notifiée à l'entrée du parc et nulle part ailleurs elle n'est rappelée. Eh bien, nous n'avons vu personne fumer de toute la journée, y compris les groupes d'Allemands qui nous ont incommodés par leurs propos bruyants pratiquement tout au long des arrêts points de vue.

 

Nous avons assez de mal à trouver le General Store à cause de bizarres sens interdits mal indiqués sur la carte, mais je réussis tout de même à me débrouiller suffisamment pour me faire expliquer mon chemin en anglais et c'est, assez fière de moi, que je le fais appliquer à Jean.

 

Après une légère collation à l'ombre nous continuons la visite de ce site devant lequel nos yeux semblent trop petits pour enregistrer la somptuosité du décor. D'ailleurs à la fin de la journée, nous souffrons des paupières pour les avoir écarquillées sans arrêt.

 

Notre motel étant situé à l'entrée du parc, nous prenons possession de notre chambre à 16 h 30 (en fait 17 h 30, car nous avons perdu une heure en changeant d'Etat. Le motel est immense et plein, avec trois piscines dont une chauffée avec sauna (que nous n'avons même pas utilisées), deux restaurants où la nourriture est médiocre (de tout le circuit je pense que c'est ici que nous aurons le plus mal mangé) et plusieurs boutiques de cadeaux tous plus chers les uns que les autres.

 

Notre chambre est habituellement réservée aux handicapés, avec barres de soutien partout dans la salle de bains, cuvette surélevée et baignoire surbaissée... Mais nous y passons une nuit confortable malgré le dîner dont le buffet de viandes grillées laissait à désirer.

 

 

QUATRIEME JOUR : MOAB

 

 

Aujourd'hui nous attend l'une des étapes les plus longues avec un très joli parcours car nous devons traverser un parc national non prévu mais indiqué par le Visitor Center de l'Utah : Capitol Reef.

 

La Hwy 12 est peut-être la plus jolie route des Etats Unis. Elle monte allègrement jusqu'à 2700 mètres et révèle des paysages quasiment différents à chaque mile. La vue est grandiose et à un certain moment on plonge sur les vallées à 360". JLJ ne cesse de filmer, mais le film restituera t il la munificence des lieux ? Pour ma part je renonce à prendre des photos qui ne donneront probablement rien. Je me contente d'emmagasiner des images toutes plus somptueuses les unes que les autres.

 

De plus, cette route est peu connue, donc peu fréquentée des touristes et c'est grâce à l'obligeance d'un employé du Visitor Center que nous la découvrons.

 

Puis c'est Capîtol Reef que nous traversons. Ce parc, traversé dans sa largeur, est lui aussi étonnant de diversité, en couleurs, en formes. La région fertilisée par la Fremont River mise à part, tout autour règne un désert lunaire gris blanc sous le chaud soleil de mai. Jean continue de filmer, tout en conduisant, avec frénésie ces paysages dignes de films de science fiction.

 

L'ennui est qu'en sortant de ce parc nour devons prendre pour rejoindre l'autoroute qui nous conduira vers Moab, une voie complètement rectiligne dans une région désertique et nous devons lutter avec force contre le sommeil à l'allure à laquelle nous nous traînons (55 miles). D'ailleurs, judicieusement, c'est le moment que choisit mon mari pour me passer le volant!

 

Mais nous sommes de nouveau récompensés par Arches Canyonland, ses pitons et ses rochers aux formes extraordinaires et parfois humaines ou animales. D'ailleurs un nom est attribué à quelques uns : les trois commères (Three Gossips), Elephant Butte, la parade des Eléphants, Park Avenue avec ses immeubles rectilignes impressionnants.

 

Nous piqueniquons non loin du fameux Balanced Rock, rocher en équilibre dont le petit compagnon s'est brisé au cours de l'hiver 1994.

 

Puis j'entraîne Jean contre son gré visiblement et sous une chaleur écrasante (mais je me munis d'eau comme recommandé) sur le sentier de 5 km (AR) qui mène à l'arche la plus célèbre du parc : Delicate Arch. Le parcours est assez escarpé et surtout assez mal balisé. Ce n'est qu'au dernier détour que nous découvrons à 1500 mètres de haut, sous un vent violent et brûlant, dans toute sa splendeur cette arche superbe, symbole du parc, à laquelle n'a pas été toujours attribué le qualificatif de délicate. Elle a , en effet, d'abord été surnommée culotte d'institutrice, puis culotte de vieille fille, enfin jambières de cowboy. Et c'est à ce moment que je me rends compte que je n'ai plus de photo dans mon appareil et qu'évidemment j'ai laissé les pellicules neuves dans la voiture ! je me trouve assez déconfite d'autant plus que Jean, qui a souffert mille maux avec son asthme dans cette ascension, dénigre tant qu'il peut ce pour quoi il a fait cet effort. Ce n'est que plus tard qu'il consent à reconnaître que le jeu en valait la chandelle... et encore du bout des lèvres.

 

Nous récupérons notre hôtel vers 17 h 15, harassés de fatigue, après avoir passé toute la journée (depuis 7 h 15) dans la voiture.

 

Cette journée restera sans doute l'une des plus pénibles puisque l'étape était au départ de 500 km et que nous avons visité tout de même près d'une demi journée Arches.

 

Moab est une petite ville très animée puisque très touristique. Typique des villes de province, c'est à dire avec une Main Street autour de laquelle s'articulent à angle droit les rues Ouest, Est, Nord et Sud. Le motel, bien que récent, est correct, sans plus. Il semble même que l'aspirateur soit absent des travaux ménagers. Bien qu'il ait tout le confort (piscine couverte et découverte, salle de sports, laverie, etc... son architecture est quelconque.

 

Après une bonne douche nous partons flâner dans Moab et dînons dans un restaurant indiqué par le Routard : moi d'une énorme salade, Jean Louis de lasagne qu'il laisse à moitié, son estomac étant de nouveau très distendu.

 

 

CINQUIEME JOUR : toujours MOAB

 

 

C'est la seule étape où nous restons deux nuits. J'ai dormi comme un bébé et me suis réveillée à 6 heures. C'est dire si pour une fois la nuit a été longue.

 

Le temps promet d'être aussi beau que les jours précédents et tout aussi chaud. Moab est situé dans une cuvette.

 

Je tenterais bien une lessive aujourd'hui si j'arrive à trouver le savon nécessaire, le réceptionniste à l'accueil étant aimable comme une porte de prison. C'est plutôt rare, car les Américains sont un peuple serviable et souriant.

 

Finalement après un petit déjeuner assez médiocre, nous partons pour Canyonlands. Le temps, magnifique, est prometteur d'une journée, elle aussi magnifique.

 

Ce canyon assez peu connu car inaccessible par endroits si on ne dispose pas d'un 4x4 offre, plus qu'aucun autre parc, une étonnante diversité de paysages. Il se divise en trois parties distinctes : Island in the Sky (la seule que nous visiterons pour notre part), The Needies et The Maze. Dans la première, haut plateau presque coupé de la terre ferme et tapissé d'herbe, les canyons formés par le Colorado et la Green River, bien que très différents de Grand Canyon, s'avèrent tout aussi spectaculaires (dit le Guide). Dans la seconde, les arches succèdent aux canyons, les étendues rocheuses alternent avec les régions boisées : les Needles s'y dressent comme les buildings d'une étrange skyline. The Maze enfin, très difficile d'accès : seuls quelques visiteurs s'y aventurent pour découvrir les dessins rupestres de Horseshoe Canyon, réalisés il y a deux mille ans.

 

Pour ma part je me serais bien laissé tenter par une promenade en 4x4 sur la Drim Road, mais d'une part, il faudrait lui consacrer davantage de temps, et, d'autre part, je n'ai pas un mari des plus sportif.

 

Néanmoins, ce que nous voyons est somptueux : Island in the Sky semble suspendu dans le ciel (d'où son nom) et les perspectives sur les vallées (les points de vue sont de 360') sont vertigineuses.

 

Ce matin nous empruntons un sentier pédestre très facile qui nous mène à une arche ouverte sur le ravin. Somptueux! Je prends force photos car je suis en manque d'arches depuis l'épisode de la veille.

 

Puis nous déjeunons sur une aire de repos aménagée pour les touristes : table en bois à l'ombre d'un grand genevrier, avec toujours barbecue individuel et emplacement pour la voiture.

 

Il y a déjà beaucoup de visiteurs bien que le parc ne soit pas très connu mais c'est tellement vaste que personne ne se gêne.

 

Tout de suite après j'entraîne JLJ sur un autre chemin. Cependant sa longueur et sa difficulté nous le font interrompre et revenir sur nos pas, quoiqu'il le supporte mieux que la veille.

 

En quittant le parc nous faisons un détour par ce qui demeurera peut être (je n'ai pas encore d'opinion sur Grand Canyon) le plus beau panorama jamais vu : Horse Dead Point. Cet endroit est ainsi nommé car autrefois les cow boys y parquaient leurs chevaux. En effet, il s'agit d'un plateau accessible par une étroite route de crête. Il suffisait de placer une barrière à l'entrée pour que les animaux ne puissent s'échapper. Un jour les cow boys oublièrent d'apporter de l'eau et le troupeau mourut entièrement. Promontoire fantastique, à 1800 m de haut, surplombant le Colorado encerclé par ses canyons rouges et vert cuivre, d'environ 600 m, lequel Colorado semble prisonnier de ses gorges au milieu d'un immense amphithéâtre qui s'élève au fur et à mesure que les falaises s'éloignent.

 

En rentrant à l'hôtel nous nous payons le luxe d'un bain rapide dans la piscine pendant que notre linge tourne dans une machine de la laverie (j'ai finalement trouvé du savon à l'accueil).

 

Une étape un peu plus longue à peu près au milieu du parcours permet de recharger les accus et nous l'apprécions en conséquence.

 

Un excellent dîner, bien que sommaire puisque composé d'un unique plat (J'avais pris de délicieux ravioli aux crevettes) et Jean des ravioli aux herbes tout aussi goûteux) ainsi qu'une dernière promenade finissent de nous retaper. Il nous reste à nous coucher et essayer de calmer les ardeurs des coups de soleil de la journée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le Checkerboard Mesa (2033 m)

 

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The Great Arch

 

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On a surnommé ce rocher "le caniche" car tel un chien il semble poser pour les photographes

 

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Point de vue (2490 m) sur les pitons rocheux de plus en plus denses

 

 

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Un Tamia (écureuil américain) faisant le beau pour avoir à manger (ce qui est interdit)

 

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Naturel Bridge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Balanced Rock (dont le petit compagnon s'est brisé en 1994

 

 

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Three  Gossips

 

 

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Delicate Arch (carte postale)