SEPTIEME JOUR : MONUMENT VALLEY

 

Ce matin, nous découvrons le territoire navajo. Les livres de Tony Hillerman, auteur de romans policiers se passant tous dans la réserve indienne, m'ont vivement intéressée et j'ai accumulé suffisamment de renseignements sur la culture navajo pour m'en faire une idée précise... qui se déteriorera tout au long de la journée. En effet, j'imaginais ces indiens très purs d'esprit et soucieux de faire uniquement le bien. Ainsi, paraît-il, il est interdit à un Navajo de faire du profit, car gagner de l'argent revient à en prendre à autrui. Dire qu'un Navajo est riche revient à prétendre que l'eau est sèche (l'auteur cité ci dessus dixit). Nous constatons en fait que, à l'instar des autres Américains, tout n'est que profit, comme les dollars qu'il faut donner pour photographier des enfants ou interviewer de vieilles femmes sur leurs occupations quotidiennes. J'en arrive même à douter que la Navajo que nous avons rencontrée dans son hogan dorme bien, ainsi que le guide nous l'affirme, dans le parc, en vivant dans l'inconfort comme ses ancêtres.

 

Néanmoins aujourd'hui restera marqué par notre balade en jeep avec notre Navajo. Les voitures peuvent en principe emprunter une piste dans le parc, mais certains sites ne sont autorisés qu'en présence d'un guide et à l'aide d'un 4x4. Nous optons pour la formule véhicule 4X4 plutôt que le bus et partons avec un couple de Néerlandais parlant assez bien le Français. Notre guide est jeune et assez ccopérant. Il nous arrête devant chaque monument intéressant et nous emmène dans un hogan où une femme d'un âge certain nous montre comment elle file la laine, la tisse (un petit tapis est réalisé paraît il en plusieurs mois). Nous visitons également un hogan de taille inférieure, destiné à l'initiation religieuse des jeunes pubères.

 

La chaleur est torride et le chemin défoncé. Notre guide s'en donne à coeur joie et nous "trimballe" gaiement dans les ornières, peu profondes il est vrai puisqu'il ne pleut pratiquement jamais. La balade dure effectivement les deux heures et demie annoncées. Sous un soleil de plomb nous filmons et photographions à loisir.

 

Les paysages rencontrés sont sans doute plus fabuleux que les précédents d'autant qu'ils sont mythiques des grands espaces de l'ouest américain. Sans peine nous pouvons imaginer le Lonesome cowboy devant les monuments célèbres que sont Three sisters, Camel Butte, Elephant Butte, Totem Pole... Cela nous est d'autant plus facile que nous sommes seuls avec l'autre couple et le guide et ce silence est d'autant plus impressionnant.

 

Nous récupérons notre hôtel, un confortable Holliday Inn, et nous décrassons (c'est le mot qui convient) car nous étions recouverts du célèbre sable rouge du Parc. Nous allons faire ensuite un tour assez décevant dans Cayenta qui est une bourgade avec deux ou trois hôtels, un petit centre commercial et un bar. Nous voulons rencontrer ces Navajos si différents des autres Américains. lis se trouvent dans la réserve indienne la plus vaste de l'Amérique du Nord et sont régis par un conseil tribal. C'est dire s'ils ont leur loi propre. Par exemple, l'alcool est absolument interdit sur tout le territoire et on ne trouve pas la moindre cannette de bière même non alcoolisée à acheter. Jean tient à m'offrir un superbe vase entièrement sculpté et décoré à la main (cela va sans dire). Là me revient une anecdote que nous nous plaisons à relater : pour régler JL avait naturellement son Amex, mais le vendeur ne disposait même pas du sabot de base. Qu'à cela ne tienne ! il a transcrit sur un morceau de journal assez infâme les références de la carte et nous avons été tout naturellement débités du montant prescrit!!! Malheureusement ce vase, bien qu'enroulé dans des couvertures et mis dans un bagage à main, arrivera en partie en miettes à la maison. Dîner sans surprise à l'hôtel et coucher tôt.

 

HUITIEME JOUR : LAKE POWELL

 

Un petit déjeuner quelconque qui donne l'occasion à JLJ de pester contre l'administration indienne de l'hôtel (nous payons très cher pour un petit déjeuner américain sans que l'on nous précise que nous avons également droit au buffet, alors qu'il est en fait compris.

 

Tous comme les jours précédents un soleil radieux accompagne notre traversée d'est en ouest du territoire navajo pour rejoindre Page et son fameux lac. Le paysage est désertique et toujours aussi somptueux. Hélas la rest area étant fermée pour travaux, il nous est impossible d'aller aux toilettes de tout le trajet... C'est un domaine où nous, Français, pouvons donner des leçons. Si tous les sites américains sont abondamment garnis de toilettes, les routes et autoroutes en revanche sont cruellement desservies et ce d'autant plus qu'il est absolument interdit de s'arrêter sur le bas côté sauf le capot ouvert pour signaler une panne de voiture ...

 

Néanmoins c'est vers 9 h 30 que nous arrivons à Page, petite localité au bord du lac. Au Visitor Center nous nous inscrivons pour l'excursion de cinq heures sur le lac avec arrêt au Rainbow Bridge, l'un des clous de la visite. Le départ a lieu du Wahweap, hôtel merveilleusement situé donné sur les magnifiques falaises rouge brique plongeant dans l'eau bleutée.

 

Munis d'un en cas pour le déjeuner nous prenons place sur le pont supérieur du bateau au milieu d'une foule bigarrée de touristes parmi lesquels quelques couples de Français. C'est bien agréable d'entendre sa propre langue à 8000 km de chez soi, même si lesdits Français ne sont pas aussi avenants que l'on peut espérer. La balade en bateau est le seul moyen de découvrir Lake Powell, une des plus beaux paysages du Far West : les eaux turquoises d'un immense lac artificiel, baignant dans des sables ocres et blancs, entre des falaises de grès gris et rouge, parmi des arches oranges et des pitons roses. L'ambiance est d'autant plus irréelle que l'on s'éloigne de la base nautique pour parcourir une partie des 3500 km de littoral.

La construction du barrage qui devait aboutir à créer le lac artificiel (l'un des plus grands du monde) fut une véritable épopée : Jusqu'en 1956, seuls quelques Indiens et chercheurs d'or connaissaient les beautés du Glen Canyon Bridge. La terre, aujourd'hui recouverte par les eaux du lac Powell, appartenait aux Navajos qui acceptèrent de l'échanger contre une superficie équivalente dans le sud de l'Utah. Malgré l'opposition des écologistes de l'époque, le barrage allait inonder des sites exceptionnels comme Cathedral in the Desert, les travaux commencèrent en 1956 pour se terminer en 1966. Cependant le lac ne fut rempli qu'en 1980. Plusieurs rivières : Colorado, San Juan, Escalante, Dirty Devil l'alimentent et le Glen Canyon Dam surplombe désormais un lac de 170 m de profondeur.

 

Il ne faut pas moins de deux heures pour atteindre Rainbow Bridge National Monument. On le découvre au dernier moment quand on touche presque à l'embarcadère. Il s'agit du plus grand pont naturel du monde qui dresse ses 87m au dessus de l'échancrure d'un canyon, jetant par dessus cette faille une passerelle de 82 m de long. Les Navajos, qui le nomment arc en ciel transformé en pierre leconsidèrent comme un lieu sacré, non seulement parce qu'au cours de la campagne meurtrière (et sanglante) de Kit Carson, un certain nombre d'entre eux s'y réfugièrent, mais également en raison de sa beauté.

 

Notre excursion terminée, nous prenons possession de notre chambre dont nous avions bien précisé à l'agence (et payé la différence) que nous la souhaitions avec vue sur le Lac. Cela nous a donné l'occasion de nous apercevoir combien celle ci se sucrait : la chambre qui nous était attribuée valait 119 dollars alors que nous avions en fait payé 172 dollars pour une nuit sur le lac !

 

Nous nous promettons avec JLJ de faire désormais notre location de chambres et de voitures seuls depuis Paris. Il suffit de s'adresser aux grandes chaînes d'hôtels comme Holliday Inn, Best Western ou Hilton et de confirmer chaque jour notre réservation, La différence de prix nous permettra peut-être de prendre des places en classe affaires. Pour les longs voyages, en effet, la classe économique avec, souvent, des groupes de touristes bruyants et chahuteurs n'est pas une sinécure. On en aura la confirmation dans le vol du retour.

 

Notre chambre est agréable même si la terrasse donne sur le parking. Il fait tellement chaud qu'un tour à la piscine s'impose. Cela nous permet de terminer agréablement l'après midi avant d'aller photographier le barrage et circuler dans Page. Nous désirons toujours trouver les commandes des enfants et devons nous enquérir de Mall centers. Là encore nous faisons chou blanc. Il n'y a pas la moindre Play Station et les Ray ban de Carine sont introuvables.

 

Nous terminons la soirée dans un restau pour cow boys avec de la bonne musique Country. Cela nous donne enfin l'occasion de goûter les fameux T Bone qui sont en fait des côtes de boeuf grillées accompagnées de sauce. Nous devons nous coucher tôt car la journée devrait s'annoncer tout aussi exceptionnelle demain puisque nous serons enfin à  Grand Canyon.

 

NEUVIEME JOUR : GRAND CANYON

 

Nous quittons Page sans trop de regret à la perspective de découvrir le clou du spectacle : le Grand Canyon. Nous avons notre dernière excursion aujourd'hui et normalement ce devrait être l'apothéose.

 

Cependant au fur et à mesure que nous avançons vers notre destination le temps s'obscurcit et se couvre de nuages. Je me rappelle avoir lu qu'il n'est pas rare de voir le Canyon du Colorado sous la pluie l'été et nous avons même prévu les imper dans nos valises. Malgré cela je regrette que notre avant dernière journée soit entachée par le mauvais temps.

 

Fort heureusement le temps est comme l'on dit en météo, variable. Il y a des passages nuageux certes, accompagnés parfois de pluie (très légère) et je crains tout de même que les sorties en hélicoptère soient compromises.

 

Le long du chemin nous nous arrêtons à un belvédère pour admirer les gorges de Marbie Canyon et acheter quelques souvenirs aux indiens Navajos. Nous sommes en effet toujours sur leur réserve. Nous la quitterons pratiquement à l'entrée de Grand Canyon.

 

"Après moi, personne ne s'aventurera plus dans ces parages écrivait en 1869 le major John Wesley Powell (celui là même qui donna son nom au lac) à l'issue d'une épuisante descente des gorges aujourd'hui les plus célèbres du monde. Il se trompait : avec près de cinq millions de visiteurs par an, le Grand Canyon ou Canyon du Colorado est un des sites les plus fréquentés des Etats Unis. Revers de la médaille, dans ce parc national qui s'étend sur plus de trois cents km, on se bouscule certains soirs à Yavapài ou Grand View pour assister au coucher de soleil. Et c'est vrai, nous l'avons constaté malgré un coucher du soleil en partie gâché par des passages nuageux.

Quelle splendeur si on oublie la foule. Cette beauté hors du commun a pris très tôt valeur d'universalité puisque, à la fin du XIXe s., buttes, plateaux, pitons sont baptisés de noms qui se réfèrent à la plupart des religions connues (Jupiter, Vishnou, Zoroastre, Osiris, Wotan) ou honorent les Indiens (Pima, Hopi, Yavapaï).

 

En suivant la South Rim, la seule route du versant sud, nous visitons successivement tous les promontoires signalés. Je réalise des photos tout en étant certaine qu'elles ne pourront en aucun cas exprimer l'impression qu'on retire des splendeurs qu'on observe. Arrivés à notre hôtel, sur le trajet des promontoires, nous louons un tour sur hélicoptère. Nous avons à peine le temps de prendre un peu de nourriture qu'il faut se précipiter à l'aéroport où nous attend un appareil. Nous sommes quatre passagers et la balade doit durer quelque 25 à 30 minutes. Mon poids me permet de me trouver à la meilleure place, c'est à dire à côté de celle du pilote. JLJ se trouve, lui, derrière, à côté d'une fenêtre. Je dois dire que c'est avec une grande émotion que je découvre le grand canyon si proche qu'on semble le toucher. De plus des rafales de vent secouent l'appareil et je me demande s'il ne va pas heurter un pilon. L'impression est si extraordinaire à la découverte de ce site qu'on ne trouve plus les mots pour qualifier l'admiration qui s'en dégage. Le monstre ne faillit pas à sa réputation. C'est grandiose, somptueux, colossal, magique, unique. Finalement les vingt cinq minutes sont nécessaires pour traverser le canyon dans sa partie nord aller et retour et pour ma part je trouve que c'est largement suffisant si l'on se réfère à l'émoi provoqué par le survol en hélico. Il aurait fait beau, peut-être aurais-je été navrée que la promenade fût si courte ! Jean, en ce qui le concerne, regrette de n'avoir pas eu la place de choix qui m'était dévolue.

 

Après ce survol mémorable et impérissable, je crois que toute ma vie je reverrai ces immenses falaises abruptes pouvant atteindre 1800 m de profondeur, le Colorado et ses rapides tout en bas et toutes ces variétés de couleurs.

 

Nous quittons ensuite l'aéroport pour revenir dans le Grand Canyon et continuer en voiture notre visite des belvédères. Le soleil commence à se coucher et nous apprécions comme il se doit les différentes nuances qu'il offre à son couchant.

 

Une fois la visite terminée je ne manque pas au passage de photographier un corbeau absolument domestiqué, la présence de l'homme à ses côtés ne semblant le gêner le moins du monde nous regagnons notre hôtel. Nous n'avons pas grand chose à faire qu'à aller dans les magasins faire quelques emplettes. Le dîner est vite expédié : en effet, il nous faut écouler tout ce qu'il nous reste. Nous décidons de piqueniquer dans notre chambre, laquelle est triste et morne à souhait. Je précise que c'est la chambre la plus chère du circuit puisque nous l'avons payée 145 €. J'imagine que là encore l'agence s'est largement sucrée au passage.

 

 

 

 

 

Clichés incontournables de l'ouest américain

 

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Le pôle du totem

 

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Pâturages

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Coucher de soleil sur Castle Rock

 

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Dans les dédales de Glenn Canyon

 

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Rainbow Bridge, le plus grand pont naturel du monde

 

 

 

 

 

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Duck On The Rock : l'érosion en a brisé le bec

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Couchers de soleil

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