SIXIEME JOUR : MESA VERDE

 

En quittant l'Utah pour le Colorado je note que nous n'avons pas vu le moindre Noir dans cet Etat. Et finalement je constaterai qu'aussi bien dans le Colorado qu'en Arizona, les seuls gens de couleur sont les indiens, les Noirs préférant de beaucoup les grandes agglomérations aux petites bourgades de province.

 

Mesa Verde diffère des autres parcs en ce sens que c'est un parc qui a été construit pour sauvegarder la civilisation indienne des Anasazis. En effet, sur le haut plateau qui couvre le sud ouest du Colorado deux cow boys, partis à la recherche de vaches égarées, découvrirent, en 1888, les sites oubliés d'étranges demeures. Plus de 4000 habitations en ruines édifiées sur les falaises, réparties sur deux grands secteurs : Chapin Mesa et Wethrill Niesa.

 

Ce n'est qu'aux environs du Ve s. que sont apparus les premiers habitants de Mesa Verde. Sur le plateau où s'étaient réfugiés leurs ancêtres dès le premier siècle après JC, les Anasazis établirent des demeures en excavation (pit houses) ou accrochées aux parois des falaises (cliff dwellings). Plus tard ces habitations furent regroupées en villages : les pueblos. Les maisons, construites en adobe puis en pierre, étaient réunies autour de grandes cours à ciel ouvert dans lesquelles étaient creusées des salles cérémonielles (kivas). La période du XIe au Xlle s. vit l'apogée de cette civilisation, mais pour des raisons à ce jour encore inconnues, les établissements trogrodytiques de Mesa Verde furent abandonnés au XIVe s.

 

Comme il nous faut choisir une excursion, nous prenons la plus célèbre : Cliff Palace. Installée dans une grotte de 100 m de long sur 27 m de profondeur et 18 m de hauteur, c'est la plus grande habitation précolombienne parmi les 4000 que compte le parc mais aussi de toute l'Amérique du Nord ; elle comprenait 217 pièces et 23 kivas pour une population estimée à 200 250 personnes.

 

Le guide, vraisemblablement indien pueblo, nous semble d'après ce que je peux comprendre de ce qu'il raconte assez convaincant. M'avisant il vient me chercher pour montrer à tous les touristes la croix que je porte. Il explique que la croix signifie que chacun de nous est responsable de sept générations, les trois précédentes et il ponctue ses mots par un geste en touchant mon poignet droit, puis mon coude, puis mon épaule, faisant référence à un arrière grand père pour le poignet, un grand père pour le coude, un père pour l'épaule, la tête me représentant, puis les trois suivantes, l'épaule gauche représentant un fils, le coude gauche un petit fils et le poignet, un arrière petit fils (cela s'entend également au féminin ... ). JLJ fixe sur la pellicule ces instants inoubliables !

 

Après la visite guidée très intéressante, nous effectuons seuls un parcours pour voir d'autres habitations troglodytiques et notamment un très grand temple jamais terminé. Il est à noter que les ruines sont dans un état de conservation extraordinaire. Il semble que rien n'ait été fait pour les restaurer. Simplement certaines, comme les premières habitations des premières générations sont conservées sous des auvents qui comportent des rideaux pour les protéger l'hiver.

 

Dans le parc Jean me montre des biches qui semblent assez peu sauvages. Mais en me rapprochant de l'une d'elles je constate qu'elle s'enfuit apeurée.

 

Notre motel se trouve situé dans le parc même, au milieu de la verdure. Si, dans la journée il fait plutôt chaud, les nuits sont fraîches (nous sommes environ à 2500 m d'altitude).

 

Dans le Routard il nous est conseillé de faire un détour par Durango (léger détour de 180 km AR). Jean me fait confiance et décide d'y aller pour le dîner.

 

Nous devons constater que Durango est effectivement une très jolie petite ville, nichée dans les montagnes. Elle est née de l'arrivée de la Société des Trains de Denver et du Rio Grande. Il en subsiste un magnifique vestige : le Durango et Silverton Narrow Gauge Railroad, qui traverse la San Juan National Forest en soufflant sa vapeur pour atteindre la ville minière de Silverton (malheureusement nous ne disposons pas des quatre heures nécessaires à cette excursion). Nous avons la chance de pouvoir photographier ce train circulant dans la ville, non loin de la voie principale.

 

Nous nous baladons dans Main St. ornée des plus magnifiques boutiques que nous ayons vues jusqu'alors. Nous en profitons pour faire quelques achats et découvrons enfin des très jolies filles. Jusque là elles étaient moches et pour la plupart, énormes. J'entraîne mon mari dans un restaurant mexicain où les serveuses sont toutes jeunes et ravissantes et nous dégustons pour la première fois une assiette d'anchiladas qui ravit nos papilles gustatives. JLJ est enchanté et me demande de noter la composition afin d'aller à Paris dans un restaurant mexicain pour constater la différence.

 

De règle générale, nous n'avons pas été déçus par les indications données par les guides, que ce soit le guide Bleu ou le Routard, bien au contraire.

 

Nous rentrons à Mesa Verde et nous couchons pour une fois relativement tard : 23 heures. L'étape du lendemain est importante, environ 280 km et il nous faut partir tôt.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

colorado01.jpg

Cliff Palace, la plus grande agglomération précolombienne  située en Amérique

 

colorado02.jpg

Une "kiva"

 

colorado03.jpg

Sun Temple, immense complexe resté inachevé sans doute en raison du départ soudain des Anasazis

 

 

colorado05.jpg

Une biche du parc  quasi apprivoisée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

colorado04.jpg

le fameux train à vapeur de Durango qui reste l'attraction de la ville

 

 

colorado06.jpg

Une librairie transformée en restau ou l'inverse ?