Cette année nous avons pu enfin nous libérer de la dette que nous avions envers le cousin Guy d’avoir conduit admirablement les travaux de construction de notre maison, en l’emmenant ainsi que Brigitte en Scandinavie comme cette dernière le souhaitait.

Ce voyage de Norvège reporté l’an dernier pour cause de maladie des parents de Guy s’est déroulé le mieux du monde et a balayé toutes les appréhensions que je pouvais avoir au départ, quasi persuadée que je ne trouverai que grisaille et froidure dans les brumes nordiques.

Pourtant l’agence nous avait prévenus que nous aurions un « léger » retard à l’arrivée à Oslo car nous devions passer par Toulouse récupérer des passagers.

En fait ce n’est que vers 3 heures du matin que nous avons pu prendre un sommeil réparateur dans nos chambres après avoir pris un délicieux sandwich au saumon (le premier saumon d’une longue série !!!).

Dès le lendemain, après une courte nuit, nous faisions plus ample connaissance de notre chauffeur, Tommy, et de notre groupe en intégralité.

Je dois dire que tout au long du voyage et à la grande surprise (ravie) d’Yves notre génial guide, nous avons tous été des modèles de passagers, toujours soucieux d’être prêts aux heures indiquées.

Nous avions choisi un voyage particulièrement « hard » puisque nous devions utiliser le bus assez souvent, le ferry, le train, l’express côtier et évidemment l’avion (deux décollages à l’aller, contre trois au retour !!!).

Fort heureusement tout au long des trois premiers jours que nous avons passés de façon quasi constante dans le bus ou le train, nous avions Yves pour nous conter l’histoire de la Norvège depuis son origine jusqu’à nos jours avec beaucoup d’humour et suffisamment d’intérêt pour nous captiver durant de longues heures.

Jamais l’histoire d’un pays ne m’a été contée d’une façon aussi exhaustive et passionnante alternant à souhait l’histoire à la géopolitique en y mêlant des anecdotes croustillantes pour pimenter les propos.

Pendant ce temps nous parcourions en bus ou en train des paysages extraordinaires et variés, passant de vertes forêts de sapins et bouleaux (la taïga) aux plateaux arides et glacés de la toundra avec toujours ça et là des maisons pour la plupart rouges plus ou moins isolées qui étaient essentiellement des résidences secondaires.

Les Norvégiens sont un peuple paisible mais relativement individualiste d’après Yves. Sans doute parce qu’ils ne côtoient la lumière que neuf mois de l’année, ils sont volontiers solitaires comme en témoignent ces résidences secondaires un peu perdues mais toutes équipées – même au fond des fjords – d’électricité et semble-t-il de tout le confort. La Norvège est le seul pays au monde – Yves dixit – qui n’ait pas de dette extérieure. Elle a non seulement une centaine d’années de réserves pétrolières d’avance mais également un siècle de réserves financières découlant de ce pétrole. Le peuple qui a beaucoup souffert jusqu’en 1905, date de la « libération » de la Norvège du joug danois, puis suédois, et vécu assez chichement a brusquement dans les années 1970 découvert l’opulence avec la découverte de prodigieux gisements de pétrole, ce qui lui permet de jouer les arbitres, face aux pays de l’Opep en cas de conflits internationaux et de hausse intempestive des carburants. Ainsi le niveau de vie est-il particulièrement élevé, l’état redistribuant à ses habitants la manne écoulant de ses richesses pétrolières. Le bois de tout temps la ressource principale avec la pêche bien évidemment est omniprésent – les habitations notamment sont faites de ce matériau – et tout naturellement le saumon sous toutes ses formes est l’ingrédient incontournable de l’alimentation scandinave.

Il existe une espèce de prohibition de l’alcool : celui-ci n’est vendu que dans les « vinmonopolet » sortes de magasins d’état, et à des prix quasi exorbitants (le verre de vin avoisine les neuf Euros dans un restaurant et le demi de bière – la boisson quasi nationale – 60 couronnes, soit plus d’une cinquantaine de nos « anciens » Francs). L’alcool est prohibé sauf le week-end, ce qui donne lieu à des spectacles peu gratifiants pour le peuple norvégien vu de l’extérieur : dès 17 heures l’orgie commence : des jeunes s’agglutinent pour boire des flots de bière et pour danser. Quand tout est fini, des taxis viennent les chercher puisqu’il est nullement question de conduire en état d’ébriété et les pompiers viennent nettoyer les rues à coups de lances d’incendie. Tout cela dans une relative bonne humeur. Les gens dansent, chantent et boivent mais ils ont l’alcool cool : aucune agressivité à l’égard des passants à qui ils tendent volontiers leur bière. Ce spectacle nous a été « proposé » à Harstad après avoir parcouru avec l’express côtier les côtes des Vesterålen et des Lofoten.