
nfin mon rêve de découvrir le
berceau de la civilisation judéo-chrétienne se réalise ... Depuis des années,
après l'Egypte et Israël, je souhaitais connaître cette terre où se sont
étroitement mêlées les trois religions juive, chrétienne et musulmane et où ont
régné durant plus de quatre siècles les Nabatéens qui nous ont légué le trésor
magique de Petra.
e premier jour consacré
exclusivement au voyage se déroule tout à fait correctement malgré l'heure de
retard prise à Orly. Nous sommes avec un couple d'amis, Guy et Yolande, pour
lequel nous avons différé notre voyage et j'avoue craindre un peu la chaleur de
ce mois de juillet.
'arrivée à Amman se fait sans
histoire et l'agent de voyage nous accueille tous les quatre. Nous apprenons que
nous rejoignons un groupe composé au total de neuf personnes qui a déjà fait un
circuit de trois jours. Notre taxi nous conduit rapidement en ville par une
large artère : la circulation paraît fluide dans les quartiers que nous
sillonnons dans la capitale mais l'heure est déjà assez avancée.
otre hôtel, le plus beau
d'Amman paraît-il, s'il a obtenu il y a cinq ans le titre envié de plus bel
hôtel du Moyen Orient, a quelques problèmes de maintenance. Il nous faut déjà
changer de chambres, la climatisation étant en panne.
Seconde journée : Les Châteaux du Désert et
la Mer Morte

Azrak
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Ksar el Karanan

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Ksayr Amra
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près une première nuit assez
reposante (la clim m'offre un léger mal de gorge qui ne me quittera plus
désormais), nous découvrons notre guide que nous garderons tout le séjour :
Mustapha qui parle un français tout à fait correct (il a séjourné à Lyon pour
obtenir sa maîtrise de Français mais ne peut exercer pour l'instant, les
professeurs étant nommés en raison de leur ancienneté en âge). Il lui faudra
attendre son tour pour pouvoir enseigner le Français. En attendant il sert
de
guide et semble tout à fait satisfait de son état comme il le confirmera plus
tard.
ous faisons connaissance par
la même occasion de nos autres compagnons (cinq au total) qui ont choisi deux
formules différentes, neuf et quatorze jours avec extension à Aqaba). Il y a
deux couples, Jocelyne et Marc (un couple marié l'année précédente à Las Vegas),
France et Alain, et Claude, une célibataire.
ustapha nous informe qu'il a
volontairement modifié le trajet de notre parcours : en raison de la
température il estime qu'il vaut mieux aller découvrir les châteaux du désert
aujourd'hui et réserver la visite de Jerash et d'Amman pour le
lendemain.
otre guide semble avoir raison
puisque, après un assez court voyage en bus climatisé, nous visitons le premier
des châteaux sous une brise appréciable. En fait toute la semaine nous aurons le
même temps éblouissant ponctué d'un vent assez frais qui nous fera oublier la
chaleur ambiante.
es châteaux du désert - qui
sont de petites forteresses en fait - ont été bâtis semble-t-il pour servir de
halte aux caravaniers entre l'Arabie saoudite et la Syrie. Très différents les
uns des autres, ils peuvent être de véritables châteaux fortifiés tout comme de
simples lieux de résidence des califes Oméyyades de Damas.
e premier site, Qsar
al-Karanen, un caravansérail du temps des Omméyades, nous montre une espèce
de forteresse très bien conservée. Son édification date de 711 comme en
témoignent les inscriptions sur les portes en caractères koufiques. Des
inscriptions grecques prouvent qu'il a été également occupé par des armées
romaines ou byzantines.
e traditionnel thé à la
menthe nous est "offert" contre un dinar (nous apprendrons très vite que pour
les touristes tout est à un dinar ou presque) sous une tente curieusement
fraîche. A ce propos c'est davantage le café agrémenté de cardamone, ce qui lui
donne un goût tout à fait particulier, assez désagréable pour les amateurs de
café sans sucre, qui est la boisson favorite des Jordaniens. Nous remarquerons
par la suite que toutes les tentes de bédouins ont une température très agréable
grâce à leurs pans relevés qui laissent libre circulation à l'air.
e second est en fait un
pavillon de chasse : il porte le nom de Qusayr (petit château)
Amra et est le seul classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Amra, dans
la plaine du Wadi Butum, est un pur joyau de l'art pictural avec ses
fresques totalement profanes pour un musulman. En effet, son propriétaire, le
calife Al-Walid, passait pour un libertin et les thermes sont tapissés de
personnages (250 au total) représentant des guerriers, des musiciens, des
tailleurs et ô sacrilège, des femmes nues au bain ! A l'entrée subsiste encore
un système hydraulique - noria avec un cercle de plus de six mètres permettant
sans doute à une bête de somme d'actionner le mécanisme pour extraire l'eau d'un
puits toujours présent très profond.
nfin Azrak dont
l'histoire est liée en partie à Lawrence d'Arabie parce qu'il y a vécu
quelques années. Ce château était à l'origine une forteresse romaine puis fut
reconstruit par les Ayyoubides (la dynastie de Saladin). Détruit par un
tremblement de terre en 1927, il était érigé sur trois niveaux et situé de telle
sorte qu'il pouvait contrôler les caravanes qui traversaient la vallée du
wadi Sirham entre l'Arabie et la Syrie.
'après-midi, après un repas
délicieux composé de mezze et de mensaf (sorte de ragoût de mouton
servi avec du riz et des pignons de pin recouverts de sauce, nous reprenons
notre bus en direction de la Mer Morte. Celle-ci, du côté jordanien est beaucoup
moins à-pic que du côté israélien autant qu'il m'en souvienne, mais toujours
aussi salée. Marc, l'un des membres du groupe, s'allonge sur l'eau en lisant
ostensiblement le Canard Enchaîné pour la photo d'usage. Claude se brûle
un peu un oeil en oubliant les conseils prodigués tant par Mustapha que par un
écriteau. Après le bain dans une eau dont j'avais oublié le degré élevé de
température et le rinçage au jet, nous ne résistons pas au bain de boue appliqué
avec soin par un Jordanien (manifestement joignant l'utile à l'agréable puisque
de nous badigeonner lui rapporte un dinard par personne, soit 12 francs). Après
avoir rendu à la mer sa boue et nous être rincés nous allons nager avec délice
dans la piscine de l'hôtel de luxe et tester son immense toboggan avant de
regagner Amman.
Yolande
et moi "embouées"
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Troisième jour : Jerash et
Amman
Cardo Maximus

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Arc d'Hadrien à Jerash

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Expérience de la colonne

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Place ovale

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Théâtre Nord

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* Mustapha nous démontre que l'une
des colonnes érodées par le temps bouge au moindre souffle de
vent
près une seconde nuit sans
histoire et un copieux petit déjeuner (qui ressemble à s'y méprendre au buffet
de la veille) nous voilà partis pour Jerash ou plutôt Gerasa la
romaine. Sur la route nous avons eu notre habituel "arrêt japonais"
(c'est-à-dire l'arrêt photos) pour contempler la rivière du nom de Zarka
ou Yabouk citée par la Bible pour être celle de Jacob. Je ne me rappelle
plus l'anecdote qui lui est attribuée.
elon la légende ce serait
Alexandre qui aurait fondé la cité en 322 avant J-C et qui lui aurait donné le
nom d'Anthioche Chrysorrhoas (la "rivière d'or") ; elle aurait ensuite
été détruite par les Juifs avant d'être reconstruite sous le règne de Pompée, en
63, pour lui redonner ses lettres de noblesse et en faire la ville la plus
puissante de la décapole romaine (c'est-à-dire des dix villes fondées par les
Romains en Moyen Orient). Hadrien accentuera encore son essor en 129 et les deux
siècles suivants son commerce florissant avec les Nabatéens l'enrichira toujours
plus. Gerasa pourtant déclinera peu à peu en raison du développement des
routes maritimes qu'elle ne réussira pas à contrer. Des soulèvements contre
l'empire romain, la présence du christianisme (c'est au cours du Ve siècle que
la plupart des églises sont érigées) et enfin la naissance de l'Islam qui
entraîne en 630 des conquêtes violentes accentuent sa fin. Pour couronner le
tout, une série de tremblements de terre endommagent sérieusement les
constructions que les habitants avaient pour la plupart déjà désertées mais ce
ne sont pas les peuplades islamiques qui l'occupèrent par la suite qui
réussirent à lui redonner son faste.
n est étonné en arrivant sur
le site de découvrir autant d'activité (ouvriers, camions, engins de ponts et
chaussée...). La ville qui n'a pas été classée au patrimoine mondial de l'Unesco
fait l'objet de réhabilitations plus ou moins fidèles en tout cas à notre sens.
Ainsi l'Arc d'Hadrien construit à l'occasion de la venue de ce dernier et jamais
terminé (seule la moitié avait été réalisée) à l'époque est-il en train de
l'être....
insi
de même l'hippodrome, très long
corridor de 245 m de long sur 52 de large et qui était le lieu de distraction
par excellence, subit-il une réhabilitation-avec des emplacements sous les
arches pour de futures échoppes - à coups de mortier ...
ette restauration "sauvage"
mise à part on est ébloui par l'étendue de la ville antique, les deux temples
dédiés à Zeus et à Artémis, les deux superbes théâtres du Nord et
du Sud dont on a pu vérifier l'acoustique, l'immense "Cardo
maximus" (800 m de long, bordé de colonnes ioniques peu à peu
transformées en colonnes corinthiennes) et la superbe place ovale de 90 m
sur 80 qui doit son nom à sa forme bien sûr et qui servait d'esplanade sacrée
pour le temple de Zeus. En plein milieu du Cardo se trouve le "Macellum"
ou marché couvert dont la date probable de construction est inscrite : 211. Une
porte triple donne accès aux halles proprement dites ouvertes sur une cour
intérieure au centre de laquelle trône une très belle fontaine. La boucherie par
exemple est aisément reconnaissable aux sculptures (veau, lion, etc..) ornant
les étals. La Nymphée, importante fontaine servait, elle, à alimenter la
ville en eau.
l'ouest sont situées trois
(parmi d'autres qui attendent toujours d'être déterrées) églises byzantines
datant de 530 environ : l'église Saints-Côme-et-Damien regroupe parmi
elles les plus belles mosaïques de Gerasa telles qu'on peut les admirer à ciel
ouvert.
l'issue de cette passionnante
visite le déjeuner à lieu dans un restaurant rafraîchi par plusieurs fontaines,
dont le bruissement hamonieux sert de musique de fond, et d'abondantes plantes
luxuriantes. L'occasion nous est donnée d'admirer l'élaboration et la cuisson du
khobz (pain arabe) qui nous est offert à goûter tout chaud. Après les
habituels mezze nous avons droit à une espèce de chiche kebab recouvert
d'une pâte très fine un peu comme une crêpe mexicaine.
endant que le chauffeur
sacrifie au rite du narguilé - il paraît que le tabac n'est que parfumé à la
pomme ! - nous digérons notre repas en attendant de reprendre la route sur Amman
que nous devons visiter dans l'après-midi.
Le Temple d'Hercule à Amman
a visite d'Amman
commence par les quartiers ouest où sont situées les ambassades notamment. Nous
sommes priés de ne pas arborer d'appareil photo en passant devant l'ambassade
américaine sous peine de se faire repérer et arrêter !!! Les villas les plus
élégantes étalent leur richesse. Il semblerait que l'une d'entre elles aurait sa
porte ferrée en or massif de même d'ailleurs que toute la robinetterie (sic) et
serait la propriété d'un ancien ambassadeur qui aurait importé de la main
d'oeuvre asiatique. Les explications étant peu claires je ne saurais ajouter
vraiment foi à ce que je viens de citer. J'ai dû mal comprendre et cela n'a
guère d'importance.
mman est une ville moderne
sans conteste. Ses avenues sont larges et la circulation y est moins dense qu'au
Caire par exemple puisque c'est une comparaison que je peux aisément faire.
D'autre part l'air y est pur et ce malgré la quantité de gaz carbonique expiré
par les nombreux véhicules qui sillonnent la ville. Il faut dire que le prix de
l'essence est relativement bas pour la bonne raison que le pétrole est importé
d'Irak en échange des camions de nourriture que la Jordanie fournit avec l'aval
des Nations Unies. Ainsi tous les jours des camions partent pleins pour l'Irak
situé à une douzaine d'heures tandis que des camions citerne emplis de pétrole
font le chemin inverse.
' 'autre part on construit sans
cesse à Amman. La pierre blanche est de rigueur pour recouvrir les murs des
bâtiments. A noter que les toitures en tuiles rouges sont un signe extérieur de
richesse.
ous montons ensuite vers la
citadelle qui domine la ville basse et cela me donne l'occasion de dire qu'à
l'origine la ville s'appelait Rabbat Amon (parce qu'occupée à l'âge de
fer par les Ammonites). Vers le milieu du VIe siècle avant J-C des guerriers
helléniques, les Tobiades, s'emparent de la ville pour la rebaptiser
"Philadelphie" du nom de leur dirigeant Ptolémée III Philadelphe. En 63
avant J-C, Pompée s'impose dans la région mais c'est Trajan qui va lui donner
ses lettres de noblesse grâce à la voie romaine qu'il fera édifier ainsi que les
différents monuments : théâtre, odéon, temples, forum.. Les Très puissants
Omeyyyades l'enlèvent aux Byzantins qui y avaient établi un évéché en 635 mais
en définitive ce sont les Abbassides en 750 qui causent son déclin progressif et
il semble même que la ville ait cessé d'être habitée durant cinq siècles jusqu'à
ce que les Circassiens y trouvent refuge vers 1878, chassés par les armées
d'Alexandre III. Au moment de la chute de l'Empire Ottoman, les accords passés
entre Abdullah et les Britanniques constitueront un gouvernement arabe national
avec pour siège Amman.
a Citadelle : C'est sur cet emplacement que furent retrouvés les
premiers vestiges d'occupation humaine aux alentours du deuxième millénaire
avant J-C.
e temple d'Hercule, monument le plus ancien de Philadelphie, date
du règne des Empereurs Verus et Aurèle entre 161 et 179. Cet édifice fait
actuellement l'objet de restauration et de reconstruction partielle. Seuls
subsistent deux grandes colonnes et le linteau.
l Qsar (le Palais
Omeyyade) : construction due aux arabes ottomans qui a pu servir de résidence à
un chevalier omeyyade. D'importants travaux (réussis) de restauration sont
actuellement entrepris et le dôme pour l'heure en zinc attend sa couverture de
cuivre afin de ressembler à celui de la Mosquée El-Aksar de
Jérusalem.
n parvient aux ruines d'une
basilique byzantine au nord du temple d'Hercule aux modestes dimensions. On
vient récemment semble-t-il de mettre au jour une série de mosaïques, qu'il ne
nous a pas été donné d'admirer.
e chaque côté du théâtre
romain dont l'acoustique est nulle en raison des bruits de la ville
alentour, sont situés deux musées d'art et de folklore jordanien avec notamment
des vêtements de mariée assez impressionnants quant à leur poids.
aissant nos amis et les autres membres du groupe effectuer quelques
achats dans les souks ouverts de la ville basse, nous rentrons à l'hôtel pour un
repos salutaire avant la soirée prévue par Mustapha dans un café jordanien où
autour d'une boisson nous pourrons admirer une chanteuse et même nous initier à
une danse d'origine syrienne très facile à apprendre.
Quatrième jour : le Mont Nebo,
Madaba, Kerak
ujourd'hui c'est avec la civilisation judéo-chrétienne que nous avons
rendez-vous, d'abord ce matin avec la juive, le Mont Nébo et Moïse et la
chrétienne ensuite avec la carte de la Palestine de Madaba et
Kerak (les Croisés).
e ciel est toujours du même bleu dur qui ne nous quittera pas de tout
notre séjour. Il est à noter que le groupe bien que logeant dans trois hôtels
différents, sera toujours ponctuel et bien soudé.
e
KKérak Mamelouk
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Monument franciscain
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Stèle érigée pour la venue de J-Paul II en 2000
|
ous allons en direction du Mont Nébo. Malheureusement une brume vient
contredire ce qui est avancé plus haut et la vue sur la mer morte, Jéricho
(qu'il faut bien deviner !), le Jourdain et Jérusalem, est quelque peu ou prou
altérée et plutôt prou que peu. Une stèle a été érigée en l'honneur de la venue
assez récente de Jean-Paul II pour se recueillir sur cette colline (804 m) où se
trouverait la sépulture de Moïse. Ce dernier y est monté juste avant de
trépasser afin d'obéir à Yaweh pour contempler la Terre promise.
râce aux
Franciscains de la Terre sainte, en 1936, qui achetèrent le site et dégagèrent
l'église ensevelie depuis plus de trois siècles, les fouilles ont révélé que la
basilique construite en son sommet par les premiers byzantins en 393, contenait
autrefois trois nefs et était couverte de mosaïques dont les dessins
représentent comme dans toutes ou presque les églises de Mataba, des scènes de
la vie pastorale et des animaux.
e ces fouilles notamment, une mosaïque dans un état quasi parfait a été
mise au jour protégée par une autre la recouvrant totalement, cette dernière
nettement plus abîmée par le temps.
ous revenons sur Madaba mais sur la route nous faisons une halte dans une
boutique d'artisanat d'art : la démonstration nous est faite de la réalisation
d'une mosaïque et je peux m' acheter l'"arbre de vie" dans des coloris qui
s'harmonisent avec les tons de la maison et d'autres souvenirs à
rapporter.
Madaba, nous visitons l'Eglise Saint-Georges qui contient
d'admirables icônes datant du Moyen âge et surtout la Carte de la Palestine (ou
de la Terre Sainte) qui présente la particularité d'avoir comme repères
l'Est et l'Ouest au lieu du Nord comme de coutume. L'oeuvre retrouvée date de
560 après J-C et est considérée comme l'un des vestiges les plus importants de
la péninsule arabique. Sa dimension (16 mètres sur 6) semble exceptionnelle. Le
territoire représenté est assez réaliste pour l'époque. On voit clairement la
Mer morte et le Jourdain qui s'y jette avec des poissons qui "rebroussent"
chemin en raison de la salinité de l'eau. Jérusalem entourée de murs ainsi que
les lieux saints les plus importants font partie bien entendu de cette
liste.
ur la Route des Rois
que nous avons empruntée dès le départ d'Amman le matin, nous sommes témoins
d'une scène qui met de l'animation dans le bus : en effet, notre chauffeur
gravissait gentiment une côte quand nous avons été doublés à droite et à gauche
en même temps par deux camions blancs qui circulaient à vide. Un troisième
camion, rouge, celui-là, les suivait et il y a eu pendant quelques instants une
course poursuite entre ces trois camions sur une route particulièrement escarpée
et à quelque 800 mètres d'altitude surplombant la plaine. Très vite ils ont
disparu et nous ne les avons jamais revus. Cette Route des Rois pourrait dater
de l'époque biblique (Moïse aurait demandé l'autorisation au Roi des Edomites de
l'emprunter pour regagner la Terre promise) et traverse des paysages fabuleux
qui ne sont pas sans rappeler l'Ouest américain.
otre déjeuner est plus rustique qu'à l'ordinaire. Nous sommes dans la
montagne et les plats sont assez frugaux. Le restaurant n'a aucun caractère mais
il est propre comme d'ailleurs tous ceux que nous avons côtoyés.
erak se trouve sur un pic
rocheux naturel. C'est un château fort érigé par les Croisés en 1132 avec pour
maître d'oeuvre Payen le Bouteiller afin de compléter le système défensif de
Beaudouin Ier, roi de Jérusalem, pour défendre la foi dans cette partie du
monde. Saladin au terme de la bataille de Hattin en viendra à bout après avoir
tenté deux fois de le prendre de 1183 à 1187. Kerak devient donc la propriété
des Mamelouks qui l'aménageront ensuite à leur convenance.
a forteresse est construite
sur deux niveaux avec une enceinte propre à chacun. Les Croisés élevèrent leur
fortification à l'aide de blocs de pierre noire ou rouge que les Musulmans
recouvrirent plus esthétiquement ensuite de plaques de calcaire blanche. Ses
proportions étaient de taille (250 m de long sur 100 de large) à refroidir les
ardeurs des assaillants ainsi qu'en témoigne la résistance acharnée des Francs
contre les assauts répétés de Saladin.Les dépendances (écuries et entrepôts) se
trouvent autour de la terrasse que des meurtrières protègent. La partie ouest
semble elle, pour sa part, attribuée aux architectes arabes. De taille plus
raisonnable, elle abrite des salles voûtées souterraines auxquelles on n'a pas
donné de réelle signification et en particulier une salle splendide qui,
restaurée, sert à des manifestations ponctuelles.
a fin du parcours vers Petra est ponctuée par plusieurs "arrêts japonais"
pour graver sur l'image quelques paysages somptueux du Wadi Araba où se
trouve une réserve naturelle où vivent l'ibex, l'hyène des déserts, la gazelle
des montagnes, le loup de Syrie et une quantité incroyable d'oiseaux et de
plantes que le manque de temps ne nous permet pas d'observer.
otre guide nous fait passer par Beidha (la petite Petra) la blanche dont
les roches sont de calcaire blanc au contraire du grès rose de Petra. Mais le
crépuscule qui tombe très vite au Moyen Orient ne nous permet pas d'en admirer
le paysage comme il convient.
otre hôtel à Petra est superbe : son architecture, sa décoration et le
buffet qui nous attend sont de très grande qualité. Nous sommes heureux d'y
pouvoir passer deux nuits.
Cinquième jour :
PETRA

le Ciq
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le Khazneh Firaoun
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la Cathédrale
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Strates
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Autres strates
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 le théâtre en pierre
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 Tombes funéraires
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le "Deïr"
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ous allons enfin découvrir ce
qui doit être le clou de notre voyage : Petra la
Magique
ès 8 heures, nous sommes tous
les neuf réunis autour de Mustapha pour atteindre le site en évitant la chaleur
(!). Ce dernier nous avait conseillés de faire le trajet à pied plutôt qu'à
cheval ou en calèche ! je cache ma déception puisque je trouvais pittoresque
d'aborder le fameux "Trésor" à cheval... Mais je ne veux pas troubler l'harmonie
de notre groupe. Cela dit je ne serai pas seule à regretter l'après-midi
amèrement de n'avoir pas utilisé pour le retour ce moyen de transport
!
'avais lu auparavant que Petra
était située entre les canyons érodés du Sud (en Jordanie le terme de canyon
n'est jamais employé tout au moins par Mustapha ), qu'elle avait été construite
en grande partie par les Nabatéens quatre siècles avant J-C et qu'elle était
différente des autres sites du pays tant par la qualité de son complexe
monumental que par le site - tout à fait naturel - dans lequel elle avait trouvé
sa place. Petra en grec signifie "roche" et sa couleur rose contribue largement
à sa célébration.
u bout d'un chemin de 1.6 km
nous atteignons enfin le "ciq", un étroit défilé taillé dans le grès rouge du
Jebel Es Shara (d'ailleurs à l'origine, selon le guide, c'est un torrent qui a
tracé ce défilé et il a d'ailleurs depuis été détourné, je crois par les Romains
mais je ne m'en souviens pas formellement). Auparavant nous avons pu admirer des
excavations (les "blocs de djinns") dans la roche qui, selon les archéologues,
jouent le rôle de chambres funéraires.
out le long du ciq sont
sculptés dans le roc des bétyles (petites niches érigées en dévotion aux dieux
nabatéens).
uste avant de sortir du ciq
nous découvrons peu à peu, éclairé par le soleil (durant vingt minutes au total)
le "Trésor du pharaon", ou le Khazneh Firaoun, : selon une
légende un pharaon aurait caché son trésor dans le "tholos" (urne) situé en son
sommet, ce qui explique la raison pour laquelle les Bédouins ont durant des
années, arrosé la face de rafales de fusils pour essayer d'en extraire le
moindre butin. Il s'agit là du monument le plus célèbre de Petra. Haut de 43 m
et large de 33, l'édifice possède une façade comportant un fronton - au centre
duquel on devine un disque solaire entouré de cornes de bovin et d'épis de maïs
- supporté par six colonnes terminées par des chapiteaux corinthiens.
a "rue des Façades" est
appelée ainsi parce qu'elle possède un alignement de structures contenant des
logements qui n'auraient eu d'autre rôle que celui de contenir des tombes
remontant jusqu'à 2000 ans avant J-C. Juste un peu plus loin, se situe un large
amphithéâtre taillé dans la roche ; il aurait été construit sous le règne
d'Arétas IV (an 6 av. J-C) sur d'anciennes tombes de la nécropole et pouvait
contenir 4000 personnes. Presque en face se situent les magnifiques tombeaux
royaux dont le plus important est le "Tombeau Urne" qui, durant l'époque
byzantine, au Ve s. aurait été transformé par l'évêque de la ville en
"Cathédrale" (nom qu'il continue de porter).
ntouré de tombes, le
centre-ville a été construit dans une dépression. On le rejoint par ce qui était
autrefois la voie romaine. Le Cardo Maximus, entièrement pavé, rejoint la "rue
des Colonnades", centre de la vie publique tant sous le régime nabatéen que
romain
près avoir admiré les superbes
pavements de l'Eglise Byzantine dont la découverte remonte au début des années
90, nous prenons notre déjeuner (assez frugal) dans l'unique restaurant installé
avec pour décor les fresques naturelles que représentent les strates de la
roche.
ès le déjeuner avalé nous
sommes en mesure d'escalader les quelque 800 marches (d'ailleurs je vérifie en
comptant mais les marches étant assez inégales c'est impossible de tomber sur le
même nombre. Il y en a entre 790 et 810) qui nous conduisent au Monastère,
monument le plus imposant de Petra. Sa découverte nous fait oublier la "balade"
sous 35° et en début d'après-midi ! S'il ressemble beaucoup au "Trésor" son
architecture est nettement plus sobre néanmoins. C'est son tholos (urne de 9
mètres surplombant son sommet) que l'on aperçoit à des kilomètres depuis le bas,
ou de la route en direction du Wadi Rum le lendemain comme on pu le constater à
l'oeil nu.
près nous être reposés quelque
peu il nous faut redescendre et rentrer à l'hôtel. Nous dédaignons l'offre
d'une calèche ou d'un cheval et pourtant nous le regretterons assez amèrement
car le retour est beaucoup plus pénible. Le chemin, remontant, nous paraît
interminable (nous aurons fait quand même une quinzaine de kilomètres dans la
journée) et c'est vannés que nous rentrerons à l'hôtel. Le bain dans l'eau
fraîche de la piscine sera salutaire après le décrassage indispensable
!
noter que le buffet de
l'hôtel est entièrement renouvelé pour notre seconde soirée et qu'il est
succulent.
Sixième
journée : le Wadi
Rum

Pause musicale
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Ravitaillement en eau
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WadiRum 1
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WadiRum 2
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Les 7 piliers de la Sagesse
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ous quittons à regret Petra
qui méritait sans conteste qu'on lui consacrât une seconde journée en direction
du désert du Wadi Rum. La promenade nous est proposée à partir du petit village
de Rum en 4x4 (fatigué) mais les paysages, dignes de l'Ouest américain, nous
font oublier l'incommodité du véhicule. C'est là que nous pourrons emplir nos
boîtes vides de pellicule de sable coloré (nous chercherons en vain le sable
bleu de Petra que nous aurions voulu ajouter aux rouge, blanc et jaune du
désert). Le Wadi Rum n'est pas un désert saharien : il se situe en fait le long
d'une faille tectonique qui a fait surgir des massifs rocheux assez hallucinants
quasi lunaires. Le site devenant de plus en plus célèbre, il sert souvent de
décor aux photographes de mode grâce à la lumière qui s'en dégage.
'arrêt sous la tente bédouine
avec offrande du thé et pause musicale est apprécié : un jeune bédouin utilise
une espèce d'instrument en peau carré avec une seule corde duquel il livre une
musique typique. Nous, les femmes, sommes conviées à saluer les femmes bédouines
dans leur tente et sommes étonnées de trouver une jeune fille parlant un anglais
très acceptable dans cette partie du désert.
ous prenons l'une des
dernières photos devant les "Sept Piliers de la Sagesse", pic rocheux du nom de
l'ouvrage célèbre de Lawrence d'Arabie qui y vécut quelque temps comme chacun le
sait, surtout depuis le célèbre film de David Lean avec Peter O'Toole dans le
rôle titre. avant de retrouver notre bus en direction d'Aqaba où nous ferons une
courte halte pour déjeuner (médiocrement) sur un bateau avant de laisser une
partie de nos compagnons y poursuivre leur séjour. Le voyage du retour vers la
capitale est assez fastidieux malgré le paysage qu'offre la Mer Morte que l'on
côtoie une bonne partie du chemin.

ernière nuit à Aqaba et
retour sur Paris dont on avait oublié la grisaille, les yeux
encore emplis des merveilles qui nous auront été dévoilées durant
ces quelques jours bien trop courts..
Toni - juillet 2001
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