nfin mon rêve de découvrir le berceau de la civilisation judéo-chrétienne se réalise ... Depuis des années, après l'Egypte et Israël, je souhaitais connaître cette terre où se sont étroitement mêlées les trois religions juive, chrétienne et musulmane et où ont régné durant plus de quatre siècles les Nabatéens qui nous ont légué le trésor magique de Petra.

e premier jour consacré exclusivement au voyage se déroule tout à fait correctement malgré l'heure de retard prise à Orly. Nous sommes avec un couple d'amis, Guy et Yolande, pour lequel nous avons différé notre voyage et j'avoue craindre un peu la chaleur de ce mois de juillet.

'arrivée à Amman se fait sans histoire et l'agent de voyage nous accueille tous les quatre. Nous apprenons que nous rejoignons un groupe composé au total de neuf personnes  qui a déjà fait un circuit de trois jours. Notre taxi nous conduit rapidement en ville par une large artère : la circulation paraît fluide dans les quartiers que nous sillonnons dans la capitale mais l'heure est déjà assez avancée.

otre hôtel, le plus beau d'Amman paraît-il, s'il a obtenu il y a cinq ans le titre envié de plus bel hôtel du Moyen Orient, a quelques problèmes de maintenance. Il nous faut déjà changer de chambres, la climatisation étant en panne.

 

 

Seconde journée : Les Châteaux du Désert et la Mer Morte

 

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Azrak

Ksar el Karanan

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Ksayr Amra

 

 

près une première nuit assez reposante (la clim m'offre un léger mal de gorge qui ne me quittera plus désormais), nous découvrons notre guide que nous garderons tout le séjour : Mustapha qui parle un français tout à fait correct (il a séjourné à Lyon pour obtenir sa maîtrise de Français mais ne peut exercer pour l'instant, les professeurs étant nommés en raison de leur ancienneté en âge). Il lui faudra attendre son tour pour pouvoir enseigner  le Français. En attendant il sert de guide et semble tout à fait satisfait de son état comme il le confirmera plus tard.

ous faisons connaissance par la même occasion de nos autres compagnons (cinq au total) qui ont choisi deux formules différentes, neuf et quatorze jours avec extension  à Aqaba). Il y a deux couples, Jocelyne et Marc (un couple marié l'année précédente à Las Vegas), France et Alain, et Claude, une célibataire.

ustapha nous informe qu'il a volontairement modifié le trajet de notre parcours : en raison de  la température il estime qu'il vaut mieux aller découvrir les châteaux du désert aujourd'hui et réserver la visite de Jerash et d'Amman pour le lendemain. 

otre guide semble avoir raison puisque, après un assez court voyage en bus climatisé, nous visitons le premier des châteaux sous une brise appréciable. En fait toute la semaine nous aurons le même temps éblouissant ponctué d'un vent assez frais qui nous fera oublier la chaleur ambiante.

es châteaux du désert - qui sont de petites forteresses en fait - ont été bâtis semble-t-il pour servir de halte aux caravaniers entre l'Arabie saoudite et la Syrie. Très différents les uns des autres, ils peuvent être de véritables châteaux fortifiés tout comme de simples lieux de résidence des califes Oméyyades de Damas.

e premier site, Qsar al-Karanen, un caravansérail du temps des Omméyades, nous montre une espèce de forteresse très bien conservée. Son édification date de 711 comme en témoignent les inscriptions sur les portes en caractères koufiques. Des inscriptions grecques prouvent qu'il a été également occupé par des armées romaines ou byzantines.

e traditionnel thé à la menthe nous est "offert" contre un dinar (nous apprendrons très vite que pour les touristes tout est à un dinar ou presque) sous une tente curieusement fraîche. A ce propos c'est davantage le café agrémenté de cardamone, ce qui lui donne un goût tout à fait particulier, assez désagréable pour les amateurs de café sans sucre, qui est la boisson favorite des Jordaniens. Nous remarquerons par la suite que toutes les tentes de bédouins ont une température très agréable grâce à leurs pans relevés qui laissent libre circulation à l'air.

e second est en fait un pavillon de chasse : il porte le nom de Qusayr (petit château) Amra et est le seul classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Amra, dans la plaine du Wadi Butum, est un pur joyau de l'art pictural avec ses fresques totalement profanes pour un musulman. En effet, son propriétaire, le calife Al-Walid, passait pour un libertin et les thermes sont tapissés de personnages (250 au total) représentant  des guerriers, des musiciens, des tailleurs et ô sacrilège, des femmes nues au bain ! A l'entrée subsiste encore un système hydraulique - noria avec un cercle de plus de six mètres permettant sans doute à une bête de somme d'actionner le mécanisme pour extraire l'eau d'un puits toujours présent très profond.

nfin Azrak dont l'histoire est liée en partie à Lawrence d'Arabie parce qu'il y a vécu quelques années. Ce château était à l'origine une forteresse romaine puis fut reconstruit par les Ayyoubides (la dynastie de Saladin). Détruit par un tremblement de terre en 1927, il était érigé sur trois niveaux et situé de telle sorte qu'il pouvait contrôler les caravanes qui traversaient la vallée du wadi Sirham entre  l'Arabie et la Syrie.

'après-midi, après un repas délicieux composé de mezze et de mensaf (sorte de ragoût de mouton servi avec du riz et des pignons de pin recouverts de sauce, nous reprenons notre bus en direction de la Mer Morte. Celle-ci, du côté jordanien est beaucoup moins à-pic que du côté israélien autant qu'il m'en souvienne, mais toujours aussi salée. Marc, l'un des membres du groupe, s'allonge sur l'eau en lisant ostensiblement le Canard Enchaîné pour la photo d'usage. Claude se brûle un peu un oeil en oubliant les conseils prodigués tant par Mustapha que par un écriteau. Après le bain dans une eau dont j'avais oublié le degré élevé de température et le rinçage au jet, nous ne résistons pas au bain de boue appliqué avec soin par un Jordanien (manifestement joignant l'utile à l'agréable puisque de nous badigeonner lui rapporte un dinard par personne, soit 12 francs). Après avoir rendu à la mer sa boue et nous être rincés nous allons nager avec délice dans la piscine de l'hôtel de luxe et tester son immense toboggan avant de regagner Amman.

 

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Yolande et moi "embouées"

 

Troisième jour : Jerash et Amman

 

Cardo Maximus
 

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Arc d'Hadrien à Jerash

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Expérience de la colonne

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Place ovale
 

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Théâtre Nord
 

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* Mustapha nous démontre que l'une des colonnes érodées par le temps bouge au moindre souffle de vent

 

près une seconde nuit sans histoire et un copieux petit déjeuner (qui ressemble à s'y méprendre au buffet de la veille) nous voilà partis pour Jerash ou plutôt Gerasa la romaine. Sur la route nous avons eu notre habituel "arrêt japonais" (c'est-à-dire l'arrêt photos) pour contempler la rivière du nom de Zarka ou Yabouk citée par la Bible pour être celle de Jacob. Je ne me rappelle plus l'anecdote qui lui est attribuée.

elon la légende ce serait Alexandre qui aurait fondé la cité en 322 avant J-C et qui lui aurait donné le nom d'Anthioche Chrysorrhoas (la "rivière d'or") ; elle aurait ensuite été détruite par les Juifs avant d'être reconstruite sous le règne de Pompée, en 63, pour lui redonner ses lettres de noblesse et en faire la ville la plus puissante de la décapole romaine (c'est-à-dire des dix villes fondées par les Romains en Moyen Orient). Hadrien accentuera encore son essor en 129 et les deux siècles suivants son commerce florissant avec les Nabatéens l'enrichira toujours plus. Gerasa pourtant déclinera peu à peu en raison du développement des routes maritimes qu'elle ne réussira pas à contrer. Des soulèvements contre l'empire romain, la présence du christianisme (c'est au cours du Ve siècle que la plupart des églises sont érigées) et enfin la naissance de l'Islam qui entraîne en 630 des conquêtes violentes accentuent sa fin. Pour couronner le tout, une série de tremblements de terre endommagent sérieusement les constructions que les habitants avaient pour la plupart déjà désertées mais ce ne sont pas les peuplades islamiques qui l'occupèrent par la suite qui réussirent à lui redonner son faste.

n est étonné en arrivant sur le site de découvrir autant d'activité (ouvriers, camions, engins de ponts et chaussée...). La ville qui n'a pas été classée au patrimoine mondial de l'Unesco fait l'objet de réhabilitations plus ou moins fidèles en tout cas à notre sens. Ainsi l'Arc d'Hadrien construit à l'occasion de la venue de ce dernier et jamais terminé (seule la moitié avait été réalisée) à  l'époque est-il en train de l'être....

insi de même l'hippodrome, très long corridor de 245 m de long sur 52 de large et qui était le lieu de distraction par excellence, subit-il une réhabilitation-avec des emplacements sous les arches pour de futures échoppes - à coups de mortier ...

ette restauration "sauvage" mise à part on est ébloui par l'étendue de la ville antique, les deux temples dédiés à Zeus et à Artémis, les deux superbes théâtres du Nord et du Sud dont on a pu vérifier l'acoustique, l'immense "Cardo maximus" (800 m de long, bordé de colonnes ioniques peu à peu transformées en colonnes corinthiennes) et la superbe place ovale de 90 m sur 80 qui doit son nom à sa forme bien sûr et qui servait d'esplanade sacrée pour le temple de Zeus. En plein milieu du Cardo se trouve le "Macellum" ou marché couvert dont la date probable de construction est inscrite : 211. Une porte triple donne accès aux halles proprement dites ouvertes sur une cour intérieure au centre de laquelle trône une très belle fontaine. La boucherie par exemple est aisément reconnaissable aux sculptures (veau, lion, etc..) ornant les étals. La Nymphée, importante fontaine servait, elle, à alimenter la ville en eau.

l'ouest sont situées trois  (parmi d'autres qui attendent toujours d'être déterrées) églises byzantines datant de 530 environ : l'église Saints-Côme-et-Damien regroupe parmi elles les plus belles mosaïques de Gerasa telles qu'on peut les admirer à ciel ouvert.

l'issue de cette passionnante visite le déjeuner à lieu dans un restaurant rafraîchi par plusieurs fontaines, dont le bruissement hamonieux sert de musique de fond, et d'abondantes plantes luxuriantes. L'occasion nous est donnée d'admirer l'élaboration et la cuisson du khobz (pain arabe) qui nous est offert à goûter tout chaud. Après les habituels mezze nous avons droit à une espèce de chiche kebab recouvert d'une pâte très fine un peu comme une crêpe mexicaine.

endant que le chauffeur sacrifie au rite du narguilé - il paraît que le tabac n'est que parfumé à la pomme ! - nous digérons notre repas en attendant de reprendre la route sur Amman que nous devons visiter dans l'après-midi.

 
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Le Temple d'Hercule à Amman

a visite d'Amman commence par les quartiers ouest où sont situées les ambassades notamment. Nous sommes priés de ne pas arborer d'appareil photo en passant devant l'ambassade américaine sous peine de se faire repérer et arrêter !!! Les villas les plus élégantes étalent leur richesse. Il semblerait que l'une d'entre elles aurait sa porte ferrée en or massif de même d'ailleurs que toute la robinetterie (sic) et serait la propriété d'un ancien ambassadeur qui aurait importé de la main d'oeuvre asiatique. Les explications étant peu claires je ne saurais ajouter vraiment foi à ce que je viens de citer. J'ai dû mal comprendre et cela n'a guère d'importance.

mman est une ville moderne sans conteste. Ses avenues sont larges et la circulation y est moins dense qu'au Caire par exemple puisque c'est une comparaison que je peux aisément faire. D'autre part l'air y est pur et ce malgré la quantité de gaz carbonique expiré par les nombreux véhicules qui sillonnent la ville. Il faut dire que le prix de l'essence est relativement bas pour la bonne raison que le pétrole est importé d'Irak en échange des camions de nourriture que la Jordanie fournit avec l'aval des Nations Unies. Ainsi tous les jours des camions partent pleins pour l'Irak situé à une douzaine d'heures tandis que des camions citerne emplis de pétrole font le chemin inverse.

''autre part on construit sans cesse à Amman. La pierre blanche est de rigueur pour recouvrir les murs des bâtiments. A noter que les toitures en tuiles rouges sont un signe extérieur de richesse.

ous montons ensuite vers la citadelle qui domine la ville basse et cela me donne l'occasion de dire qu'à l'origine la ville s'appelait Rabbat Amon (parce qu'occupée à l'âge de fer par les Ammonites). Vers le milieu du VIe siècle avant J-C des guerriers helléniques, les Tobiades, s'emparent de la ville pour la rebaptiser "Philadelphie" du nom de leur dirigeant Ptolémée III Philadelphe. En 63 avant J-C, Pompée s'impose dans la région mais c'est Trajan qui va lui donner ses lettres de noblesse grâce à la voie romaine qu'il fera édifier ainsi que les différents monuments : théâtre, odéon, temples, forum.. Les Très puissants Omeyyyades l'enlèvent aux Byzantins qui y avaient établi un évéché en 635  mais en définitive ce sont les Abbassides en 750 qui causent son déclin progressif et il semble même que la ville ait cessé d'être habitée durant cinq siècles jusqu'à ce que les Circassiens y trouvent refuge vers 1878, chassés par les armées d'Alexandre III. Au moment de la chute de l'Empire Ottoman, les accords passés entre Abdullah et les Britanniques  constitueront un gouvernement arabe national avec pour siège Amman.

a Citadelle : C'est sur cet emplacement que furent retrouvés les premiers vestiges d'occupation humaine aux alentours du deuxième millénaire avant J-C.

e temple d'Hercule, monument le plus ancien de Philadelphie, date du règne des Empereurs Verus et Aurèle entre 161 et 179. Cet édifice fait actuellement l'objet de restauration et de reconstruction partielle. Seuls subsistent deux grandes colonnes et le linteau.

l Qsar (le Palais Omeyyade) : construction due aux arabes ottomans qui a pu servir de résidence à un chevalier omeyyade. D'importants travaux (réussis) de restauration sont actuellement entrepris et le dôme pour l'heure en zinc attend sa couverture de cuivre afin de ressembler à celui de la Mosquée El-Aksar de Jérusalem.

n parvient aux ruines d'une basilique byzantine au nord du temple d'Hercule aux modestes dimensions. On vient récemment semble-t-il de mettre au jour une série de mosaïques, qu'il ne nous a pas été donné d'admirer.

e chaque côté du théâtre romain dont l'acoustique est nulle en raison des bruits de la ville alentour, sont situés deux musées d'art et de folklore jordanien avec notamment des vêtements de mariée assez impressionnants quant à leur poids.

aissant nos amis et les autres membres du groupe effectuer quelques achats dans les souks ouverts de la ville basse, nous rentrons à l'hôtel pour un repos salutaire avant la soirée prévue par Mustapha dans un café jordanien où autour d'une boisson nous pourrons admirer une chanteuse et même nous initier à une danse d'origine syrienne très facile à apprendre.

 

Quatrième jour : le Mont Nebo, Madaba, Kerak

 

ujourd'hui  c'est avec la civilisation judéo-chrétienne que nous avons rendez-vous, d'abord ce matin avec la juive, le Mont Nébo et Moïse et la chrétienne ensuite avec la carte de la Palestine de Madaba et Kerak (les Croisés).

e ciel est toujours du même bleu dur qui ne nous quittera pas de tout notre séjour. Il est à noter que le groupe bien que logeant dans trois hôtels différents, sera toujours ponctuel et bien soudé.

 

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KKérak Mamelouk

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Monument franciscain

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Stèle érigée pour la venue de J-Paul  II en 2000

ous allons en direction du Mont Nébo. Malheureusement une brume vient contredire ce qui est avancé plus haut et la vue sur la mer morte, Jéricho (qu'il faut bien deviner !), le Jourdain et Jérusalem, est quelque peu ou prou altérée et plutôt prou que peu. Une stèle a été érigée en l'honneur de  la venue assez récente de Jean-Paul II pour se recueillir sur cette colline (804 m) où se trouverait la sépulture de Moïse. Ce dernier y est monté juste avant de trépasser  afin d'obéir à Yaweh pour contempler la Terre promise.

râce aux Franciscains de la Terre sainte, en 1936, qui achetèrent le site et dégagèrent l'église ensevelie depuis plus de trois siècles, les fouilles ont révélé que la basilique construite en son sommet par les premiers byzantins en 393, contenait autrefois trois nefs et était couverte  de mosaïques dont les dessins représentent comme dans toutes ou presque les églises de Mataba, des scènes de la vie pastorale et des animaux.

e ces fouilles notamment, une mosaïque dans un état quasi parfait a été mise au jour protégée par une autre la recouvrant totalement, cette dernière nettement plus abîmée par le temps.

ous revenons sur Madaba mais sur la route nous faisons une halte dans une boutique d'artisanat d'art : la démonstration nous est faite de la réalisation d'une mosaïque et je peux m' acheter l'"arbre de vie" dans des coloris qui s'harmonisent avec les tons de la maison et d'autres souvenirs à rapporter.

Madaba, nous visitons l'Eglise Saint-Georges qui contient d'admirables icônes datant du Moyen âge et surtout la Carte de la Palestine (ou de la Terre Sainte) qui présente la particularité d'avoir comme repères l'Est et l'Ouest au lieu du Nord comme de coutume. L'oeuvre retrouvée date de 560 après J-C et est considérée comme l'un des vestiges les plus importants de la péninsule arabique. Sa dimension (16 mètres sur 6) semble exceptionnelle. Le territoire représenté  est assez réaliste pour l'époque. On voit clairement la Mer morte et le Jourdain qui s'y jette avec des poissons qui "rebroussent" chemin en raison de la salinité de l'eau. Jérusalem entourée de murs ainsi que les lieux saints les plus importants font partie bien entendu de cette liste.

ur la Route des Rois que nous avons empruntée dès le départ d'Amman le matin, nous sommes témoins d'une scène qui met de l'animation dans le bus : en effet, notre chauffeur gravissait gentiment une côte quand nous avons été doublés à droite et à gauche en même temps par deux camions blancs qui circulaient à vide. Un troisième camion, rouge, celui-là, les suivait et il y a eu pendant quelques instants une course poursuite entre ces trois camions sur une route particulièrement escarpée et à quelque 800 mètres d'altitude surplombant la plaine. Très vite ils ont disparu et nous ne les avons jamais revus.  Cette Route des Rois pourrait dater de l'époque biblique (Moïse aurait demandé l'autorisation au Roi des Edomites de l'emprunter pour regagner la Terre promise) et traverse des paysages fabuleux qui ne sont pas sans rappeler l'Ouest américain.

otre déjeuner est plus rustique qu'à l'ordinaire. Nous sommes dans la montagne et les plats sont assez frugaux. Le restaurant n'a aucun caractère mais il est propre comme d'ailleurs tous ceux que nous avons côtoyés.

erak se trouve sur un pic rocheux naturel. C'est un château fort érigé par les Croisés en 1132 avec pour maître d'oeuvre Payen le Bouteiller afin de compléter le système défensif de Beaudouin Ier, roi de Jérusalem, pour défendre la foi dans cette partie du monde. Saladin au terme de la bataille de Hattin en viendra à bout après avoir tenté deux fois de le prendre de 1183 à 1187. Kerak devient donc la propriété des Mamelouks qui l'aménageront ensuite à leur convenance.

a forteresse est construite sur deux niveaux  avec une enceinte propre à chacun. Les Croisés  élevèrent leur fortification à l'aide de blocs de pierre noire ou rouge que les Musulmans recouvrirent plus esthétiquement ensuite  de plaques de calcaire blanche. Ses proportions étaient de taille (250 m de long sur 100 de  large) à refroidir les ardeurs des assaillants ainsi qu'en témoigne la résistance acharnée des Francs contre les assauts répétés de Saladin.Les dépendances (écuries et entrepôts) se trouvent autour de la terrasse que des meurtrières protègent. La partie ouest semble elle, pour sa part, attribuée aux architectes arabes. De taille plus raisonnable, elle abrite des salles voûtées souterraines auxquelles on n'a pas donné de réelle signification et en particulier une salle splendide qui, restaurée, sert à des manifestations ponctuelles.

a fin du parcours vers Petra est ponctuée par plusieurs "arrêts japonais" pour graver sur l'image quelques paysages somptueux du Wadi Araba où se trouve une réserve naturelle où vivent l'ibex, l'hyène des déserts, la gazelle des montagnes, le loup de Syrie et une quantité incroyable d'oiseaux et de plantes que le manque de temps ne nous permet pas d'observer.

otre guide nous fait passer par Beidha (la petite Petra) la blanche dont les roches sont de calcaire blanc au contraire du grès rose de Petra. Mais le crépuscule qui tombe très vite au Moyen Orient ne nous permet pas d'en admirer le paysage comme il convient.

otre hôtel à Petra est superbe : son architecture, sa décoration et le buffet qui nous attend sont de très grande qualité. Nous sommes heureux d'y pouvoir passer deux nuits.

 

Cinquième jour : PETRA

 

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le Ciq

 

 

 

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le Khazneh Firaoun

 

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la Cathédrale

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Strates

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Autres strates

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le théâtre en pierre

 

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Tombes funéraires

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le "Deïr"

 

ous allons enfin découvrir ce qui doit être le clou de notre voyage : Petra la Magique

ès 8 heures, nous sommes tous les neuf réunis autour de Mustapha pour atteindre le site en évitant la chaleur (!). Ce dernier nous avait conseillés de faire le trajet à pied plutôt qu'à cheval ou en calèche ! je cache ma déception puisque je trouvais pittoresque d'aborder le fameux "Trésor" à cheval... Mais je ne veux pas troubler l'harmonie de notre groupe. Cela dit je ne serai pas seule à regretter l'après-midi amèrement de n'avoir pas utilisé pour le retour ce moyen de transport !

'avais lu auparavant que Petra était située entre les canyons érodés du Sud (en Jordanie le terme de canyon n'est jamais employé tout au moins par Mustapha ), qu'elle avait été construite en grande partie par les Nabatéens quatre siècles avant J-C et qu'elle était différente des autres sites du pays tant par la qualité de son complexe monumental que par le site - tout à fait naturel - dans lequel elle avait trouvé sa place. Petra en grec signifie "roche"  et sa couleur rose contribue largement à sa célébration.

u bout d'un chemin de 1.6 km nous atteignons enfin le "ciq", un étroit défilé taillé  dans le grès rouge du Jebel Es Shara (d'ailleurs à l'origine, selon le guide, c'est un torrent qui a tracé ce défilé et il a d'ailleurs depuis été détourné, je crois par les Romains mais je ne m'en souviens pas formellement). Auparavant nous avons pu admirer des excavations (les "blocs de djinns") dans la roche qui, selon les archéologues, jouent le rôle de chambres funéraires.

out le long du ciq sont sculptés dans le roc des bétyles (petites niches érigées en dévotion aux dieux nabatéens).

uste avant de sortir du ciq nous découvrons peu à peu, éclairé par le soleil (durant vingt minutes au total) le "Trésor du pharaon", ou le Khazneh Firaoun, : selon une légende un pharaon aurait caché son trésor dans le "tholos" (urne) situé en son sommet, ce qui explique la raison pour laquelle les Bédouins ont durant des années, arrosé la face de rafales de fusils pour essayer d'en extraire le moindre butin. Il s'agit là du monument le plus célèbre de Petra. Haut de 43 m et large de 33, l'édifice possède une façade comportant un fronton - au centre duquel on devine un disque solaire entouré de cornes de bovin et d'épis de maïs - supporté par six colonnes terminées par des chapiteaux corinthiens.

a "rue des Façades" est appelée ainsi parce qu'elle possède un alignement de structures contenant des logements qui n'auraient eu d'autre rôle que celui de contenir des tombes remontant jusqu'à 2000 ans avant J-C. Juste un peu plus loin, se situe un large amphithéâtre taillé dans la roche ; il aurait été construit sous le règne d'Arétas IV (an 6 av. J-C) sur d'anciennes tombes de la nécropole et pouvait contenir 4000 personnes. Presque en face se situent les magnifiques tombeaux royaux dont le plus important est le "Tombeau Urne" qui, durant l'époque byzantine, au Ve s. aurait été transformé par l'évêque de la ville en "Cathédrale" (nom qu'il continue de porter).

ntouré de tombes, le centre-ville a été construit dans une dépression. On le rejoint par ce qui était autrefois la voie romaine. Le Cardo Maximus, entièrement pavé, rejoint la "rue des Colonnades", centre de la vie publique tant sous le régime nabatéen que romain

près avoir admiré les superbes pavements de l'Eglise Byzantine dont la découverte remonte au début des années 90, nous prenons notre déjeuner (assez frugal) dans l'unique restaurant installé avec pour décor les fresques naturelles que représentent les strates de la roche.

ès le déjeuner avalé nous sommes en mesure d'escalader les quelque 800 marches (d'ailleurs je vérifie en comptant mais les marches étant assez inégales c'est impossible de tomber sur le même nombre. Il y en a entre 790 et 810) qui nous conduisent au Monastère, monument le plus imposant de Petra. Sa découverte nous fait oublier la "balade" sous 35° et en début d'après-midi ! S'il ressemble beaucoup au "Trésor" son architecture est nettement plus sobre néanmoins. C'est son tholos (urne de 9 mètres surplombant son sommet) que l'on aperçoit à des kilomètres depuis le bas, ou de la route en direction du Wadi Rum le lendemain comme on pu le constater à l'oeil nu.

près nous être reposés quelque peu il nous faut redescendre et rentrer à l'hôtel. Nous  dédaignons l'offre d'une calèche ou d'un cheval et pourtant nous le regretterons assez amèrement car le retour est beaucoup plus pénible. Le chemin, remontant, nous paraît interminable (nous aurons fait quand même une quinzaine de kilomètres dans la journée) et c'est vannés que nous rentrerons à l'hôtel. Le bain dans l'eau fraîche de la piscine sera salutaire après le décrassage indispensable !

noter que le buffet de l'hôtel est entièrement renouvelé pour notre seconde soirée et qu'il est succulent.

 

Sixième journée : le Wadi Rum

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Pause musicale

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Ravitaillement en eau

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WadiRum 1

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WadiRum 2

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Les 7 piliers de la Sagesse

 

ous quittons à regret Petra qui méritait sans conteste qu'on lui consacrât une seconde journée en direction du désert du Wadi Rum. La promenade nous est proposée à partir du petit village de Rum en 4x4 (fatigué) mais les paysages, dignes de l'Ouest américain, nous font oublier l'incommodité du véhicule. C'est là que nous pourrons emplir nos boîtes vides de pellicule de sable coloré (nous chercherons en vain le sable bleu de Petra que nous aurions voulu ajouter aux rouge, blanc et jaune du désert). Le Wadi Rum n'est pas un désert saharien : il se situe en fait le long d'une faille tectonique qui a fait surgir des massifs rocheux assez hallucinants quasi lunaires. Le site devenant de plus en plus célèbre, il sert souvent de décor aux photographes de mode grâce à la lumière qui s'en dégage.

 

'arrêt sous la tente bédouine avec offrande du thé et pause musicale est apprécié : un jeune bédouin utilise une espèce d'instrument en peau carré avec une seule corde duquel il livre une musique typique. Nous, les femmes, sommes conviées à saluer les femmes bédouines dans leur tente et sommes étonnées de trouver une jeune fille parlant un anglais très acceptable dans cette partie du désert.

ous prenons l'une des dernières photos devant les "Sept Piliers de la Sagesse", pic rocheux du nom de l'ouvrage célèbre de Lawrence d'Arabie qui y vécut quelque temps comme chacun le sait, surtout depuis le célèbre film de David Lean avec Peter O'Toole dans le rôle titre. avant de retrouver notre bus en direction d'Aqaba où nous ferons une courte halte pour déjeuner (médiocrement) sur un bateau avant de laisser une partie de nos compagnons y poursuivre leur séjour. Le voyage du retour vers la capitale est assez fastidieux malgré le paysage qu'offre la Mer Morte  que l'on côtoie une bonne partie du chemin.

 

 

ernière nuit à Aqaba et retour sur Paris dont on avait oublié la grisaille, les yeux encore emplis des merveilles qui nous auront été dévoilées durant ces quelques jours bien trop courts..

Toni - juillet 2001